Jeremz’s Adventure

L’itinéraire

Quelques extraits de mon blog

Les montagnes du Haut Atlas

C’est entre 900 mètres et 1400 mètres que nous pédalons depuis plusieurs jours, toujours sur des petites routes. Ce qu’on monte, on le redescend. Et inversement. Nous suons à grosses gouttes dans les montées. Torse nu, short et paire de tongs de rigueur. Si les journées sont chaudes, les nuits sont très froides. La température descend en dessous de 0°C et la tente se couvre de givre. Nos journées sont physiquement difficiles, mais c’est tellement beau. Nous naviguons dans un océan de couleurs : les arbres verts, la terre jaune-orange, les montages du Haut Atlas blanches de neige, le ciel bleu.

Le dialogue passe par les gestes, les regards, les sourires : ce que nous vivons là est unique.

L’accueil marocain est chaleureux, et tous les soirs nous sommes accueillis pour planter la tente ou pour dormir au chaud. Nous partageons toujours un thé, du pain et de l’huile, et souvent le repas. Nous sommes chez les Berbères, les peuples des montages. Certains ne parlent pas un mot de français, mais le dialogue passe par les gestes, les regards, les sourires : ce que nous vivons là est unique.

Au coeur de la jungle cambodgienne

Histoire de reprendre en beauté, nous nous fixons un nouveau défi : passer par la jungle de Cardamome, à l’est du Cambodge. On nous affirme que c’est impossible. Mais un chemin semble se profiler sur ma carte, et d’autres voyageurs l’ont emprunté deux ans avant nous. Nous savons à quoi nous attendre : ça sera dur, mais c’est faisable. Premier jour de mise en jambes sur la piste en terre rouge entourée par la végétation. C’est vraiment agréable de rouler ici. C’est la saison sèche, la température peut grimper jusqu’à 32°C, mais la forêt refroidit l’air. En début d’après midi, nous passons dans un village isolé qui permet le ravitaillement des hameaux plus reculés dans la jungle. Il marque aussi la fin de la piste pour les 4×4. Le chemin s’est rétréci et devient de plus en plus impraticable, en « mode VTT ». Nous traversons aussi des rivières sur des ponts en bois très étroits : une planche pour la roue, une autre pour les pieds. Nous croisons pourtant des scooters surchargés de nourriture et autres provisions. Ils sont dingues ces cambodgiens ! Mais que doivent-ils penser de nous, à pousser nos vélos autant chargés qu’eux, le moteur en moins…

À bout de bras, dans la caillasse, le sable et la terre friable, nous luttons pour avancer.

Nous arrivons en fin de journée dans un petit village perdu au milieu de rien. Bonne surprise, une rivière nous attend pour un bain bien mérité. Nous repartons le lendemain matin, au lever du jour. La journée difficile est pour aujourd’hui. La piste est devenue chemin, nos coudes touchent de chaque côté. Nous nous enfonçons de plus en plus dans la jungle. Nous l’entendons, elle aussi se réveille. Impossible de dire ce qui nous entoure, mais une chose est sûre, nous ne sommes pas seuls. Ça grimpe de plus en plus. Impossible de rouler, il faut pousser les vélos. À bout de bras, dans la caillasse, le sable et la terre friable, nous luttons pour avancer. C’est, exténués mais fiers, que nous atteignons le village de Chi Phat après plus de huit heures d’effort et seulement 40 kilomètres avalés.

La Route du Pamir

Depuis Osh, je mets trois jours à rejoindre la frontière Tadjik. Trois jours de mise en jambes pour la célèbre Route du Pamir, considéré comme la deuxième plus haute route du monde. J’enchaîne les cols et prends très vite de la hauteur. Belle surprise pour ma dernière soirée au Tadjikistan, une famille m’invite à poser ma tente à côté de sa yourte. Je suis à 3100 mètre d’altitude.

Je me régale à travers des décors lunaires, des cols de plus en plus hauts et, surtout, je suis seul.

Les choses sérieuses commencent. Un no man’s land de 25 km en tôle ondulée, sable et cailloux entre le Kyrgyzstan et le Tadjikistan. 1100 mètres de dénivelé positif pour passer un col qui s’élève rien qu’à 4290 mètres. Plus j’avance, plus la pente s’accentue. Passé 10%, je n’ai plus aucune adhérence, je m’enfonce, je dérape. Pas d’autre choix que de pousser le vélo. Dans ces moments, je ressens vraiment le manque d’oxygène. Je pousse trente secondes pour une minute de récupération. Je passe quatre jours entre 3500 mètres et 4600 mètres d’altitude. Je ne suis pas assez équipé pour affronter les nuits glaciales en bivouac, alors chaque jour je me dois de rallier le village suivant pour dormir au chaud. De très longues journées de vélo allant de 80 à 140 kilomètres. Mais je me régale à travers des décors lunaires, des cols de plus en plus hauts et, surtout, je suis seul. Je passe des heures entières avec les marmottes pour seule compagnie. Une sensation rare d’être seul au monde m’envahie. Perdu dans le massif du Pamir au milieu du Tadjikistan, enivré par la beauté des montagnes et le manque d’oxygène, je me sens… libre.

Retrouvez tous les articles du blog sur http://jeremz.com/
et suivez-moi sur facebook : https://www.facebook.com/Jeremz.Adventure/